Le e-paiement en ALgérie

Quand on pense à l’e-paiement en Algérie, la première impression est que nous sommes encore loin des standards internationaux. Pourtant, depuis 2016, des initiatives notables ont vu le jour. Avec le lancement de la première transaction interbancaire électronique, le gouvernement et les acteurs financiers, comme le Groupement d’Intérêt Économique Monétique (GIE Monétique), ont commencé à construire une infrastructure pour encourager les paiements en ligne. Cela semble prometteur, mais en réalité, l’adoption reste lente.

La question qu’on peut se poser, c’est pourquoi ? Dans un monde de plus en plus connecté, pourquoi l’e-paiement, qui pourrait tant faciliter la vie des Algériens, peine-t-il à s’imposer ?

Sécurité : un enjeu majeur pour gagner la confiance

Commençons par le nerf de la guerre : la sécurité. Tout système de paiement électronique, où que ce soit dans le monde, repose sur la confiance. En Algérie, la sécurité des transactions est assurée par des technologies de pointe, comme le PCI-DSS pour la protection des données, ainsi que le protocole SSL et le fameux 3D Secure, qui ajoutent des couches de sécurité pour les paiements en ligne. C’est plutôt rassurant, non ?

Et pourtant, malgré ces dispositifs, la méfiance reste forte. On entend souvent dire : “Je préfère payer en liquide, c’est plus sûr”. Cela montre à quel point les gens sont encore réticents à partager leurs informations bancaires en ligne. En fait, il ne s’agit pas seulement d’une question de technologie, mais aussi d’habitudes profondément enracinées.

 

Modes de paiement : une variété limitée mais fonctionnelle

Les cartes CIB (carte interbancaire) et la carte Edahabia d’Algérie Poste sont les principales options pour les paiements électroniques. Elles permettent à la fois de retirer de l’argent aux guichets automatiques et de régler des achats en ligne ou chez les commerçants équipés de terminaux. Il existe également des cartes internationales comme Visa et Mastercard, mais leur usage reste limité aux transactions à l’étranger ou en ligne. Bien que de tels transactions soient largement demandées

Le paiement mobile (ou M-paiement) est aussi une nouveauté qui suscite de l’intérêt. Les consommateurs peuvent régler leurs achats depuis leur smartphone, sans passer par un terminal de paiement classique. Mais ici encore, ce mode est peu connu du grand public et son adoption reste marginale.

Cyber-blanchiment : un danger réel mais maîtrisé

L’un des grands défis du e-paiement en Algérie. Comme dans de nombreux pays, la digitalisation des transactions a ouvert la voie à de nouvelles formes de criminalité.
Aucun système de paiement électronique dans le monde n’est sujet à un risque zéro de fraude et de piratage, et celui de l’Algérie n’en fait pas exception. Bien qu’il soit rare que des utilisateurs algériens aient été victimes d’escroqueries en ligne — en partie en raison de la faible adoption du paiement électronique et de la structure unique qui permet à l’État de surveiller les transactions — le risque demeure présent.

Avec l’émergence des paiements en ligne, diverses formes de criminalité, dont la cybercriminalité, se manifestent et doivent être considérées comme une priorité. Parmi ces menaces, le cyber-blanchiment émerge comme un problème préoccupant. Des criminels exploitent les vulnérabilités du système pour blanchir des fonds via les transactions numériques.

Face à cette situation, les autorités algériennes ont commencé à prendre des mesures proactives, notamment en adoptant la loi 18/05 sur le e-commerce. Cette législation établit un cadre juridique visant à prévenir ces abus. Bien que ce dispositif ne soit pas parfait, il représente un premier pas important vers la maîtrise des risques associés au e-paiement.

Un taux d’utilisation encore faible

Comme mentionné précédemment, l’adoption de l’e-paiement en Algérie demeure limitée. En 2021, environ 10,7 millions de transactions en ligne ont été enregistrées. Bien que ce chiffre puisse sembler significatif, il reste modeste par rapport à la population et à la demande potentielle. La majorité de ces transactions concerne principalement les secteurs des télécommunications (paiement de factures) et des services publics (eau et électricité), tandis que les achats de biens se font encore largement en espèces.

Il serait pertinent d’explorer plus en profondeur ce phénomène en recueillant les opinions de la population. Une telle démarche pourrait non seulement éclairer la situation actuelle du paiement en ligne, mais aussi contribuer à l’élaboration de stratégies mieux adaptées pour atteindre des objectifs encore difficiles à réaliser.

Pourquoi cet engouement limité ? Un simple échange avec des proches révèle un scepticisme généralisé. Beaucoup affirment que « c’est compliqué » ou qu’ils « n’ont pas confiance ». D’autres soulignent des problèmes récurrents avec les distributeurs automatiques, tels que des pannes fréquentes ou un manque de liquidités. De plus, les coupures d’internet rendent l’accès aux services de paiement en ligne peu fiable.

Cela démontre qu’en dépit des avancées technologiques, la confiance du grand public ne peut être assurée sans une amélioration significative de la fiabilité des systèmes.

Pourquoi la réticence persiste ?

En plus de la méfiance, il y a un problème d’infrastructure et d’éducation. D’un côté, les commerçants hésitent à investir dans des terminaux de paiement (TPE), car cela représente un coût supplémentaire. De l’autre, beaucoup de consommateurs ne comprennent pas encore bien comment fonctionne le paiement électronique. Il y a un vrai besoin de sensibilisation, voire d’alphabétisation numérique pour une partie de la population.

Les avantages indéniables du e-paiement

Mais alors, pourquoi s’embêter avec le e-paiement ? La réponse est simple : il offre des avantages clairs. D’abord, c’est un gain de temps. Plus besoin de faire la queue pour payer ses factures ou retirer de l’argent. Ensuite, c’est plus sûr, car cela réduit le risque de vol d’argent liquide. Enfin, pour les entreprises, le e-paiement améliore la gestion des transactions et simplifie les opérations comptables. Il contribue également à la transparence, réduisant ainsi le commerce informel.

Avec ces bénéfices en tête, il devient crucial de trouver des solutions pour accroître l’adoption du e-paiement, afin de positionner l’Algérie parmi les pays où le paiement en ligne est privilégié pour la majorité des transactions.

Alors, comment convaincre les Algériens d’adopter davantage le e-paiement ?

et là encore, Plusieurs pistes sont possibles, et plusieurs stratégies peuvent être adoptées, mais nous en citerons dans cet article uniquement les éléments qui reviennent regulierements lors des débats à ce sujet :

  1. Améliorer les infrastructures: Il faut que les services fonctionnent sans interruption, que ce soit les réseaux internet ou les guichets automatiques.
  2. Former et sensibiliser : Il est crucial de mieux informer la population sur la sécurité des paiements électroniques et leur simplicité d’utilisation.
  3. Offrir des incitations : Par exemple, des réductions pour les paiements en ligne ou des avantages fiscaux pour les commerçants qui adoptent les TPE pourraient motiver les utilisateurs.

4.Renforcer la confiance : Le gouvernement doit continuer à renforcer le cadre juridique autour des transactions électroniques, pour protéger les consommateurs contre la fraude et le cyber-blanchiment..

En fin de compte, même si le chemin est encore long, l’avenir du e-paiement en Algérie semble prometteur. Avec des efforts conjoints entre l’État, les banques, et les entreprises, il est possible de faire évoluer les mentalités et de transformer durablement les habitudes de consommation.

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